En littérature, on différencie les genres du Fantastique et de la Fantasy.
Le Fantastique regroupe toutes les histoires où le merveilleux fait irruption dans le réel des personnages, ils ne s’y attendent pas et sont choqués de ce qu’ils découvrent. En exemple on peut penser au Horla de Maupassant ou à L’appel de Cthulhu de Lovecraft.
La Fantasy, de son coté, regroupe toutes les histoires où le merveilleux est présent (plus ou moins) et qu’il fait partie intégrante du monde des personnages. On peut bien entendu penser au Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, qui est un des représentants les plus connu du genre. Les humains ne sont pas choqué de rencontrer des nains, des hobbits et des elfes, même si cela n’est pas courant. Aimant beaucoup la Fantasy, je peux aussi vous conseiller l’Antimagicien, la Passemiroir, Ellana, etc.
Un exemple idiot pour illustrer la différence:
Bien entendu ces catégories sont perméables. Pour certaines histoires, il est difficile de trancher. Par exemple le début d’Harry Potter est du Fantastique. Vernon Dursley ne semble pas comprendre ce qui se passe, les médias se font le relais de tous les phénomènes extraordinaires. Pourtant une fois qu’Harry arrive à Poudlard, on tombe dans la Fantasy. Harry a intégré que la magie, le merveilleux font partie du monde.
On peut se demander dans quelle catégorie ranger la Bible. En particulier tous les récits extraordinaires : le Buisson ardent, le passage de la mer Rouge, le temps qui s’arrête pour permettre la victoire du peuple Hébreu sur ses ennemis, et bien entendu les miracles qui traversent les évangiles…
Intéressons nous en particulier aux miracles dans l’Évangile selon Marc. Dans celui-ci, Jésus guérit des paralytiques, des muets, des aveugles, il relève une jeune fille morte, il exorcise des possédés. À première lecture, l’évangile est clairement du Fantastique. Il y a des gestes extraordinaires, surnaturels. Les réactions des personnes autour sont toujours, l’étonnement, la peur, le rejet. Tous ces gestes sont merveilleux, et ne font pas parti de ce que les personnages comprennent du monde.
Cela répond bien à la définition du Fantastique.
Mais il faut aller un peu plus loin que cela, car dans l’Évangile selon Marc, nombreux de ces miracles, de ces gestes merveilleux sont suivis par l’injonction de Jésus à garder le silence. On parle du secret messianique. Si le but c’est que les gens s’approchent de Dieu par Jésus, pourquoi imposer le silence ? Il me semble que c’est justement parce que Jésus ne veut pas être vu comme quelqu’un de merveilleux. Il ne faut pas que les personnes s’arrêtent aux miracles, au fantastique.
Pour comprendre cela il faut noter que le secret messianique s’arrête au moment de la déclaration de foi de Pierre et l’annonce claire de la Passion et de la résurrection. C’est là la clé de lecture, il y a besoin de la mort et de la résurrection pour comprendre en vérité ce que sont les miracles. Il ne s’agit pas que de guérison miraculeuse, il s’agit de la vie qui reprend le dessus sur la mort. Il ne s’agit pas d’exorcisme, il s’agit de Dieu qui libère de toutes les entraves.
Jésus n’est pas un magicien puissant, il est celui qui révèle que la magie fait partie du monde. Cette magie, c’est l’amour de Dieu qui rejoint, qui relève, qui guide, qui accompagne. Oui l’Évangile c’est de la Fantasy, Jésus révèle que l’amour de Dieu fait partie du monde.
Et je crois que dans toute la Bible on peut faire ce saut qualitatif. Le passage de la Mer Rouge montre que l’amour de Dieu libère, David et Goliath montre que Dieu est au coté des plus petits, le buisson ardent montre que Dieu s’adresse à nous et nous envoie…
… Dans quel genre classerais-tu la Bible, et pourquoi?